C comme Stéphane Cosson, professeur de Généalogie pour le D.U.
Il arrive, tout essoufflé d’avoir traîné sa valise, depuis la maison diocésaine jusqu’en haut, tout en haut de la fac Vauban.
Il prend ses marques, ouvre la fenêtre parce qu’il a eu chaud en traînant sa valise, se recoiffe.
Il nous regarde continuer à piailler comme des pies, un temps, puis se lance.
Hop, silence, nous attrapons nos stylos pour noter la bonne parole.
Il nous parle de cas particuliers, de familles où tous les hommes s’appellent Jean Delmas et toutes les femmes Marie Nègre. Ou le contraire. On se croirait dans La Cantatrice chauve, quand Mme Smith parle de Bobby Watson, le fils de la vieille Bobby Watson, la tante de Bobby Watson, le mort. A ne pas confondre avec Bobby Watson, le fils du vieux Bobby Watson l’autre oncle de Bobby Watson, le mort.
Il se complaît dans nos pires cauchemars généalogiques : des gens décédés qui se marient deux ans après, des cadets de cadets dont les enfants portent le surnom de leur mère, des oncles condamnés au célibat qui perdent leur identité et vivent dans une cabanette à côté de la maison principale.
Il a une prédilection pour les prénoms tout pourris : il aime les Nulsifrotte qui épousent des Lédovie, les Patapiosse qui donnent naissance à des Phrygien et des Marie-Trouche. Nous, pendant le partiel, on n’a pas le même humour.
Il nous incite à arpenter les cimetières, à scruter les tombes, à chercher le carré des indigents et à repérer celui des enfants, à crier « Houba Houba » dans les allées mortuaires quand nous découvrons une plaque gravée qui mentionne un ancêtre jusque là introuvable.
Il sait qu’il y a une différence de 0,109m entre la canne vraie de Toulouse et la canne vraie de Montpellier, et 0,199m entre la canne supposée de Toulouse et la canne supposée de Montpellier. Il explique patiemment qu’il y a 2 éminées dans une sétérée et que 32 boisseaux équivalent à 16 pugnères ou 8 mégères, ou 4 carterées. On lui reconnaît le titre de Docteur en Tétrapilectomie.
Il ne veut pas utiliser le vidéoprojecteur : victime depuis sa naissance d’une malédiction, il dérègle tous les appareils complexes qu’il approche. Ce n’est pas grave, avec un tableau blanc et un feutre, il s’en sort.
Il parle occitan, lit le latin, déchiffre les registres de 1532 comme nous ouvrons le journal, se balade tranquillou dans le labyrinthe infini des archives : a-t-il un super pouvoir ? ou pouvons-nous avoir l’espoir, un jour, dans longtemps, après de multiples années de pratique et de très longues heures à pâlir sous les néons des AD, d’être comme lui ?
Il nous répète que c’est compliqué parce que, sinon, ça ne serait pas intéressant. C’est vrai.
Il reste zen, disponible. Il a une profonde gentillesse qui l’oblige à répondre « Mais non, vous ne me harcelez pas, je suis là pour vous aider » quand on assaille sa messagerie de salves de questions.
Il aime aider et faire avancer les autres, avec un vrai sens du partage. Il se régale d’enseigner, et son plaisir est communicatif.
Il est là, toujours, avec ses réponses, ses encouragements, ses solutions, qui nous permettent de progresser et de découvrir des choses inattendues. Il nous apprend des trucs, des méthodes qui seront précieuses dans toutes nos recherches par la suite.
Il n’est contrarié que lorsqu’il se rend compte qu’il n’y a pas de fondant au chocolat sur le menu du resto. Là, ça ne va plus. Le chocolat, c’est sacré.
Et d’ailleurs, j’aurais dû intituler ce billet « C comme Chocolat ». C’est la base, le chocolat.
Billet rédigé par Catherine BEC (promotion Nulsifrotte en présentiel) Professeur de Lettres, s'est plongée dans la généalogie depuis l'an dernier, pour trouver un dérivatif à son ennui. Depuis, l'enthousiasme et l'énergie sont de retour
Bravo Catherine! Au delà du professeur que nous avons tous apprécié, il y a toute la passion pour la généalogie et sa complexité, et à travers ce tableau en filigrane l’humilité dont nous devons tous faire preuve pour faire aboutir nos recherches ou au contraire accepter de ne jamais savoir qui était vraiment Bobby Watson..
Martine FLEURY
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Merci !
C’est exactement ça, passion et humilité : un DU très enrichissant, sur le plan des connaissances comme sur le plan humain…
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Superbe article, très bien écrit. Ca me donne tellement envie de suivre ses cours ! Ca me fait tellement envie de m’inscrire épand un cursus de genealogie. Mais je travaille à plein temps en région parisienne. Profitez bien de ces belles années de formation !
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Paris-Nîmes, 3h de train : certains d’entre nous ont fait bien pire… et nous sommes quelques uns à travailler à temps complet, en dégageant le vendredi et le samedi. C’est vrai que c’est chaud par moments et que nous avons en cette fin de semestre des mines un peu terreuses, mais c’est une belle aventure. Laissez-vous tenter !
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J’aurai ajouté « la bête noire » de la S.N.C.F…
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Rhhahhh, zut, j’ai oublié ce détail !
La malédiction des trains en retard, bien sûr…
Mettons cet inexcusable oubli sur le compte de la précipitation et de l’enthousiasme à démarrer le challenge le plus vite possible.
Bon, le portrait sera à compléter une autre fois, dans un autre challenge !
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Mais tu es toute pardonnée Catherine 😉 Très sympa ton article!
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Très sympathique et fort bien écrit, ce portrait 🙂 Une facette plus intime que la face publique du généalogiste professionnel que nous connaissons. Merci
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Merci à vous de ce commentaire !
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Tellement bien écrit tout cela fait remonter pleins de souvenirs de nos vendredis soir à la maison diocésaine. Soirées de franche rigolade. N’est-ce pas Stéphane ? Et puis les révisions, les interrogations et les conseils toujours rassurants de notre professeur, tout cela après les crêpes à la confiture. oui que de souvenirs. Merci Stéphane. Merci aussi de toujours être à notre écoute même après plusieurs années. Merci
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